Avec une superficie estimée à 6700 Kilomètres carrés, Messamena est un des quatorze arrondissements du département du Haut-Nyong, région de l’Est du Cameroun. Cette localité se trouve à 200 kilomètres de Yaoundé (via Akonolinga). Elle est reliée à la capitale Yaoundé par une route en partie bitumée (114 kilomètres) d’une part ; et carrossable (86 kilomètres) d’autre part.
Le climat de la localité est de type équatorial, humide et chaud, avec deux périodes pluvieuses et deux saisons sèches. L’hydrographie est constituée de cours d’eau qui sont les affluents du fleuve Nyong.
Avec une population estimée à 1 496 250 âmes, Messamena compte des villages et campements pygmées d’inégale importance, variant de cinquante à mille six cents habitants. Les habitants sont issus des ethnies ci-après : Badjoue, Bikélé, Pygmées, expatriés et allogènes. Les populations sont des adeptes des religions suivantes : le christianisme, l’islam et l’animisme.
Les activités socio-économiques des habitants sont l’agriculture, l’élevage, la pêche, la chasse, la cueillette, le petit commerce et l’artisanat. Le cacao et le café (cultures de rente) constituent les principales sources de revenus des habitants de la localité.
Messamena connaît une exploitation forestière anarchique et illégale. La faune est en voie de disparition. La zone regorge de nombreux sites culturels non valorisés.
A Messamena, on note une insuffisance d’infrastructures sociales de base : énergie, infrastructures hydrauliques, structures de santé, établissements scolaires, centres de formations professionnelles, structures de nouvelles technologies d’information et de communication, voies de communication, moyens de déplacement, etc…
Aujourd’hui, les changements climatiques ont influencés les modes de vies et les savoir-faire des populations locales de l’arrondissement de Messamena. En effet, par le réchauffement de l’atmosphère, le déboisement et la déforestation ont entrainé l’occupation anarchique de l’espace, la modification des saisons (sèche, pluies), la perturbation du calendrier agricole, la baisse de la production agricole, la recrudescence des maladies (paludisme, fièvre jaune,…) liées au climat et l’inaccessibilité aux services sociaux de base comme le manque d’eau potable et d’énergie.
Face à cette situation, la prise en comptes des prévisions (données) météorologiques dans le cadre des campagnes agricoles permet aux populations rurales de mieux produire les ressources agricoles et de protéger les ressources naturelles ; car le climat non seulement conditionne la vie des plantes, des animaux et des hommes, mais aussi intervient sur la destinée de leurs groupements et écosystèmes.
Les observatoires communautaires sont des équipements (outils) participatifs de savoir – faire local de renforcement des capacités des populations locales en matière d’atténuation et de résilience aux effets de changement climatique. Ces outils traditionnels puisent dans le savoir-faire local des populations et intègrent les équipements atmosphériques et technologiques modernes (température, vents, précipitations, système d’information géographique, système de positionnement global). Comme outils traditionnels de collecte des populations villageoises, on note : terre, plante, feuillage, eau, transect participatif, relevés pluviométrique et faunique, observation participative de l’écosystème du milieu concerné.
Le manque de ressources financières et matérielles et l’insuffisance d’une expertise locale qualifiée pour soutenir la mise en œuvre des activités des observatoires communautaires limitent les initiatives des populations locales pour atténuer les effets de changement climatique à Messamena.
Au regard de ce sombre tableau, la mise en place de ces équipements participatifs communautaires s’avère nécessaire non seulement pour faciliter l’accompagnement des actions de résilience des communautés au changement climatique (plaque solaire, thermomètre, pluviomètre, anémomètre, etc…), mais aussi pour comprendre les modifications climatiques (causes et conséquences) dans les villages de Messamena.
Les observatoires communautaires sont des équipements participatifs durables, inclusifs et bénéfiques à la relance de l’économie rurale. Ils permettent aux populations rurales à partir du savoir – faire local et moderne de développer non seulement les capacités d’atténuation et de résilience aux effets du changement climatique, mais aussi de bien comprendre une économie rurale et de contribuer à la protection de l’environnement. Cette expérience qui puise dans l’univers culturel local des villageois peut être partagée avec d’autres communautés au niveau national, régional et international.
Article par Gervais Nzoa
Article edité par Romuald Djegbenou
Photo: Collecte de données : terre, eau et plantes tout autour de la source naturelle d’eau